"Gravement malade il est bloqué en Tunisie"

Six jours, Érik a six jours pour rentrer à Marseille et commencer sa radiothérapie. Bloqué à Tunis depuis la mi-mars, cet homme de 36 ans est atteint d'une tumeur au cerveau. "En août 2013, juste après mes 30 ans, on m'a diagnostiqué un gliome", explique le jeune homme. Opéré avec succès, la maladie ne progresse plus. Durant un temps seulement. En 2019, il suit une chimiothérapie. Fin du traitement en février dernier. "Il n'avait plus d'effet positif".

Changement de stratégie, des séances de radiothérapie sont prévues pour le 30 avril à la Timone. Entre-temps, Érik a rejoint son épouse à Tunis. Sans se douter de la galère à venir pour rentrer à la date escomptée. Sans se douter surtout de la mise en place soudaine du confinement en France, le 17 mars. Pile au moment où le Marseillais comptait prendre son billet.

Plus moyen de faire une réservation. Érik ne cède pas encore à la panique mais s'inquiète. Un état de stress à éviter pour celui qui est sujet à des crises d'épilepsie. Son état de santé ne lui permet pas les longs voyages. L'exposition au Coronavirus encore plus. Même si des vols sont encore affrétés pour Paris, son médecin lui déconseille les correspondances, facteurs de risques. Érik se rend alors à l'ambassade de France à Tunis. Il est dans un premier temps rassuré. On lui dit qu'il fait partie des personnes prioritaires pour bientôt prendre un vol pour Marseille. Sa femme, soutien indispensable pour le traitement à venir, pourra embarquer aussi.

"Sauf que le 'bientôt' dure depuis plus d'un mois", déplore-t-il. Le résultat selon lui d'une gestion "surprenante" de l'ambassade. "On m'a dit tout et son contraire", rembobine-t-il. Il garde espoir alors mais perd patience le 18 avril.

Le même jour, un vol de Tunisair est parti de Tunis pour Marseille. L'ambassade avait bloqué des places. Idem deux jours avant sur un même vol. Il relève aussi la communication de l'ambassade sur le succès de ces rapatriements. Érik demande des explications. En vain. Il contacte la compagnie aérienne mais n'obtient aucune réponse. À Marseille, sa famille s'inquiète. Sans solution, il vient de faire appel à son avocat pour tenter de débloquer la situation. Dans un courrier adressé à l'ambassade, Me Xavier Pizzaro l'enjoint à procéder au rapatriement d'Érik. Ils envisagent des suites judiciaires pour "faire cesser ou réparer ces dysfonctionnements". Contactée, l'ambassade de France n'avait pas donné suite à nos sollicitations.

En réponse à la situation d'Érik, l'ambassade de France en Tunisie nous a fait savoir ce dimanche 26 avril qu'elle "avait eu de multiples échanges avec lui. On a fait le maximum et on lui a proposé de nombreuses solutions. Des solutions qui en lui conviennent pas pour des raisons personnelles et encore une fois on les comprends tout à fait." Afin de trouver une solution, l'ambassade "lui propose un vol le 29 avril par Air France pour Paris". "Nous sommes aussi en train de négocier un vol pour Marseille, poursuit-on. En fin de semaine prochaine et il sera évidemment le premier passager à embarquer pour ce vol s'il l'accepte".

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